7/26/2005

[FILM] La clepsydre / Sanatorium pod clepsydra



Ouah ! Il y a beaucoup de films qu'on compare à des rêves éveillés, mais celui-ci est sans doute celui que j'ai vu qui mérite le plus cette dénomination. Un homme mûr part visiter son père dans un asile en état de quasi abandon, où le temps coule plus vite qu'à l'extérieur du monde. Attiré par les aboiements de chiens, il va à la fenêtre et se voit lui même rentrer dans l'asile comme il l'a fait quelques heures plus tot. A partir de la tout s'enchaine fluidement mais de façon incompréhensible, comme si les détails subissaient des fondus enchainés débouchant sur tout autre chose : Passant sous un lit dans une chambre, le héros se retrouve en pleine jungle puis poursuivis par des noirs en uniforme napoléonien avant de se s'absorber dans une discussion impronptue avec le controlleur du train qui l'a amené ici. C'est vraiment sans queue ni tête, de cette logique bancale et bizarre qui imprègne les rêves : une idée en amène une autre par analogie, faisant changer toute la situation alentour, par le jeu des symbolismes et des résonances de la mémoire. La photographie est magnifique, les mouvements de caméra encore plus, les dialogues sont très écrits, très littéraires, imprégnés de philosophie et de correspondances hermétiques, on pense énormément à la littérature slave/europe de l'est -fantastique ou pas- classique, comme Kafka ou Tolstoï.
Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un chef d'oeuvre parce que cette clepsydre une fois écoulée vous laisse aussi désorienté et déstabilisé qu'un rêve bien barré, mais en tout cas c'est un bon petit plaisir, ne rappelant rien d'autre de connu.

7/19/2005

El dancefloor de la muerte

Généralement ça se passe à peu près toujours de la même façon, je suis en train de danser avec plus ou moins de convictions sur un morceau complètement moisi mais dont la rythmique conserve ce petit truc qui vous donner un minimum envie de vous balancer, sans vraiment être dans le truc, mais parce que bordel coco, faut bien participer.

Et puis la le pseudo-DJ qui n'a qu'un lointain rapport avec ce que sa dénomination devrait désigner change de morceau comme la merde nullissime qu'il est, sans enchainer, parfois d'un coup sec et particulièrement laid et en quelques centièmes de seconde je reconnais instantanément les premières notes de l'Indien, du Policier et des 3 autres tantouzes, ou de Gloria Gaynor ou de n'importe quelle horreur populiste surexposée des années 80.

C'est sans appel, immédiatemment, ça bourdonne dans ma tête, ça grouille dans mon bide, je quitte la piste quasiment en courant l'envie de gerber aux lèvres, et en sachant parfaitement que je n'y remettrais vraisemblablement pas les pieds de la soirée. Heureusement, là c'est ALL INCLUSIVE et le bar est encore ouvert, le temps de choper un Full Moon, et je me barre sur la plage, la médiocrité me fait mal aux oreilles, je préfère m'éloigner dans le noir, en suivant le bord d'une mer presqu'immobile.

Il me faut une bonne minute pour m'éloigner de ces sons puants de banalité et des lumières cheap, avant de pouvoir voir la voie lactée et perdre mes yeux dans son ruban en essayant d'oublier tout ce qui se passe dans mon dos. En face c'est la frontière entre l'Albanie et la Croatie, des deux cotés de la démarcation y'a la même chaine de montagne, désertique et désolée, de jour on ne devine à travers un air bizarrement opaque que des pentes pelées se déversant dans la mer, de nuit ne percent que quelques lumières fragiles, tellement vacillantes qu'on doute de leur existence. Des fois j'ai envie de me barre suffisamment loin pour que les autres la derrière moi, ils deviennent eus aussi petits que des diodes merdiques.

Mais putain qu'est ce que ça m'énerve que la plupart des gens puissent se contenter de ce qu'ils ont déja entendu 5000 fois, de ce qu'ils ont déja vu 500 fois, de ce qu'ils ont déja vécu des dizaines de milliers de fois. All Inclusive bordel, amène avec toi ton mode de vie, ta musique prédigérée qu'on te dégueulle à l'entonnoir dans les oreilles depuis 40 ans, ce qui amène un petit sourire extatique et rassuré sur ton visage, amène tes préjugés, amène tes limites, amène ce qui ne changera jamais chez toi. : ta paresse, l'absence totale de curiosité qui peu à peu t'a envahi, et amené à rejeter en bloc tout ce qui sort à peu près du champ visuel de tes petites oeillères.

En me relaxant un peu j'arrive à entendre le bruit faible des petites vagues nées des cargos passant la bas au loin, ça me berce, ça fait presque disparaitre mes envies de génocide de cons. Il me faut bien 5 minutes pour retrouver les 3 ou 4 constellations que je connais, parce que même ici la pollution lumineuse est présente, 10 minutes pour réussir à ne plus entendre ce qui se passe la bas derrière - en tournant la tête je peux encore voir des petites silhouettes orangées qui s'agitent dans la nuit, dérisoires de si loin -, 15 minutes pour remarquer que l'eau est fluorescente alors qu'il n'y a pas de lune.

Merde, je suis quand même sur une ile à je ne sais combien de kilomètres de chez moi, et tout ce que j'aurais aimé laissé la bas m'a poursuivi. C'est le putain de mariage des petites habitudes étouffantes et des rires dégorgeant leur crétinisme, la foutue noce des discussions polies par leur vide et de cette fausse coolitude ridicule qui semble accompagner chez le branché moderne la pigmentation solaire de son épiderme.

Dans 5 ou 10 minutes quelqu'un va venir me demander si vraiment je n'aime pas danser, et je m'abstiendrais de lui dire que si, et que c'est justement pour ça que je me suis cassé, de lui dire que gigoter vaguement sur un morceau entendu des millions de fois n'a qu'un rapport lointain avec la danse, et que, nom de dieu, espèce d'enculé, je vais t'en passer des morceaux pour danser moi, et que tu partiras en courant, effrayé par ce que tu ne connais pas et par ta propre incompétence à te laisser aller librement, à suivre un rythme tout simplement, un beat, une ligne de basse, un riff, tant de termes qui de toute façon ne te dirait rien du tout.

Putain... Du noir partout, des petites lumières vacillantes autour, le silence, l'esprit vide à force de lassitude, les mêmes situations répétées encore et encore, les mêmes réponses à des questions stupides posées par des gens stupides sûrs de leur fait..... Je me demande ce que je fous ici, là bas ou ailleurs. Heureusement que les étoiles sont la, j'espère que la bas, à des centaines d'années lumière, y'a un autre connard fait d'azote liquide où de je ne sais quelle matière dégueulasse qui se pose les mêmes questions que moi, qui en a marre de toujours entendre les mêmes morceaux de zigulbotron, et de remuer ses tentacules poisseux pour se sentir intégré plus que pour kiffer. Allez enculé, à ta santé !

Et merde.... mon verre est vide.

7/17/2005

[FILM] Hakuchi (1999)


Hakuchi le terme japonais pour Innocent, dans le sens idiot du village. C'est un peu le tempérament de Isawa, jeune fallot ayant abandonné ses rêves après le début d'une guerre qui n'en finit pas, vivant par choix malgré son haut statut social dans un quartier des plus plebeiens.
Travaillant pour la télévision dans le cadre d'un programme de propagande et soumis aux caprices de Ginga, une diva hystérique qui a acquis une importance telle que personne ne peut plus rien lui dire, Isawa a renoncé à ses réalisations pour rester simple assistant, assistant à sa vie en tant que simple spectateur, une vie faite de bombardements, de brimades, et de folie pure, où tout le monde semble avoir perdu la raison. Le noeud coulant est installé à demeure dans un coin de sa chambre, prêt à servir. Jusqu'à la rencontre avec la femme du voisin, Hakuchi au véritable sens du terme, femme enfant qui ne parle pas, et qui passe son temps à observer la nature.

Ce film est la première réalisation du petit fils DU mangaka, Ozamu Tesuka, et démontre un véritable talent pour dépeindre à petites touches, subtiles, et discrètes, l'horreur d'une société coincée entre la guerre et les médias de masse attisant celles-ci. Pas de dénonciation facile et lyrique ici, tout se passe par petites touches, par félures s'élargissant peu à peu, par légers coups de pinceaux égratinant peu à peu le désir de vivre de Isawa, jusqu'à l'assaut final, celui qu' il attend depuis toujours, et qui l'obligera à réagir, enfin, et sortir de cette espèce de gaze semblant avoir figée la société qui l'entoure.

[FILM] Nina (2004)

Poisseux. C'est le terme qui convient le mieux à ce film brésilien qui hésite entre le thriller et la chronique d'une plongée dans la folie amorcée de puis l'enfance de l'héroïne. C'est noir, très très noir, imprégné d'une inquiétude et d'une horreur à fleur de peau, celle de ne pas savoir où dormir, de ne pas avoir de quoi manger, et d'être à la merci de l'être humain le plus hideux que la terre ait jamais porté.

Le film est véritablement porté par la prestation de Guta Stresser, véritable Giuletta Massina transposée dans un monde moderne encore plus atroce que celui de La Strada, version Lilith demi gothique plus que lunaire, dont le jeu est époustouflant autant que flippant. L'ambiance ressemble à celle d'un remix du Locataire par Dario Argento, qui aurait pour l'occasion décidé d'abandonner la couleur, soutenu par le pendant électro classique des Goblins.

Un film fantastique au sens premier du terme, envoutant et stressant, désorientant comme les divigations d'un schyzophrène, ruisselant de ce genre de cauchemar qui continue à vous nouer le bide bien après s'être terminé.

7/15/2005

Plonger dans une nuit d'été

Et merde. Pourquoi faut il toujours que la moitié des plaques manquent dans ces putains de rue ? Est ce que je suis dans la bonne ou pas ? Bon... calmos 5 minutes la c'est celle qui se croise, et ça c'est l'autre... ok... donc la c'est la bonne... dans quelle direction je dois aller maintenant ? par la on dirait. Je suis loin d'être au bon numéro, au moins je vais encore pouvoir profiter de la zik dans mes oreilles pendant un moment. Surtout que mine de rien ça m'emmerde un peu d'aller à cette soirée. Ouais je sais je sais je dis toujours que le moyen de rencontrer des nouveaux gens sympas et surtout des fifilles c'est de se bouger le fion et d'aller dans ce genre de sauteries privées. Ok. Mais la je les connais les gens, je le sais que je me faire chier bien comme il faut, à écouter des conversations banales, à participer avec des arguments banals, et rapidement à m'ennuyer de façon ben... banale aussi, en tout cas habituelle.
C'est pas comme si ce soir j'allais découvrir la femme de ma vie ou mon meilleur pote des dix prochaines années, à vrai dire j'ai vraiment plus de chance de finir raide bourré.

Bon... easy easy relache un peu la pression c'est pas la peine de t'enflammer tout de suite comme un con, attends un peu de voir... eh ! je la connais cette fille c'est celle de la dernière fois au petit cul sympa, au visage sympa, au sourire sympa, et à l'esprit plat. merde. en plus je vais être obligé de lui parler la et de lui dire bonjour va falloir que j'enlève mon walkman. fais chier. bon pour l'instant elle m'a pas vu et je lui tourne plus ou moins le dos, avec un peu de chance je suis tranquille jusqu'au hall d'entrée. encore quelques secondes quoi...

Bon le v'la ce putain de numéro 114. c'est quoi le digicode déja ? ah vla la miss pas besoin de sortir mon papier, et puis d'ailleurs je ne sais même pas ce que j'en ai foutu. Allez hop jouons au social pendant quelques minutes.
"Salut"
"Hey salut, on va au même endroit non ? on s'est déja vu cet été"

Ouais ouais on s'était déja vu cet été je me souviens bien cette soirée... Je m'étais tellement fait chier que j'étais allé parler aux vaches avec une bouteille de Zubrowska dans la main. Pure soirée effectivement.
Et bla et bla et blabla on se parle mécaniquement pour oublier qu'on a rien en commun et que d'ici quelques dizaines de seconde on se dira au revoir pour la prochaine soirée. Sympa comment on peut même réussir à mettre une certaine tendresse dans la politesse alors qu'on en a tous les deux rien à foutre. Sourires enjoleurs, rires charmeurs, ahlala qu'est ce qu'on se marre, c'en est presque con qu'on ne s'apprécie pas plus que ça. Allez tiens c'est la porte c'est l'heure de dire au revoir. Adieu même pourquoi pas.

"Hey salut T. ! Comment ça va ?"
Ah lui j'l'aime bien quand même c'est mon poto, dommage que ses potes soient si fades sinon on se marrerait bien. Bon allez un ptit effort arrête de faire ta tête de con tu vas encore réussir à te gacher les heures à venir.

C'est encore le début de la soirée, y'a pas grand monde, c'est cool, je vais pouvoir faire le mariole comme d'hab avant de peu à peu me taire puis m'isoler, et de foutre le camp quand j'en aurais trop marre.
Le rite de la bise, et des poignées de main. "Salut, Thomas", "Bonjour, Thomas", "Bonsoir Thomas" au bout de trois variations j'ai déja épuisé les formules, plus qu'à revenir au début. Putain ça y est je suis à la fin et j'ai encore retenu aucun prénom. Et 'ya encore deux ou trois connards qui ont répondu "oui oui et toi" en confondant "Thomas" avec "Ca va ?". Nazis. Enfoirés. Merde calmos calmos.

Oh une place libre ça c'est cool ! "Qu'est ce que tu veux boire ?" La bouteille la fera l'affaire la merci. Oh non tiens une bière coco ça sera sympa. Et merde de la Kro. saloperie de pisse d'âne.

Je suis en plein milieu de ces petits moments de flottement quand tout le monde se jauge du regard et que les convives ne sont pas encore assez alcoolisées pour vraiment discuter. J'ai une partie du cul sur le canapé, l'autre enfoncé dans ce qui semble être un trou dans le rembourrage de ce sofa de mes couilles. De quoi ils parlent ? Bah on s'en fout pis de toute façon ça sonne. Ptet que y'aura une super fille dans le tas.

Euh.... loupé... y'en a bien une qui semble avoir quatre fesses difficilement contenues par un seul pantalon, mais à part ça pas grand chose. Ah j'les connais aussi tiens ceux qu'arrivent après la mignonne drôlette et son copain l'acnéique sombre et dépressif. Je crois que je n'ai jamais vu deux personnes allant si mal ensemble. En même temps c'est fun. Salut bonjour bonsoir smack smack "Moi c'est Thomas" "Oui ça va et toi ?" oh ta gueule !

Putain. J'ai déja fini la première bière... Je l'savais, je l'savais. merde. Je bois trop. J'ai un cancer de la cirrhose je le sais, je vais encore finir raide mort ce soir c'est pas bien putain, c'est pas bien, faut vraiment que je me surveille. Je suis alcoolique hein c'est ça ? hein ? putain... Bon elles sont au frigo les bières ?

Il est où ce truc d'ailleurs ? Ah tiens la... qu'est ce qu'il y a dans le bac a legumes ? de la Kro de la Kro de la Kro. et merde. bordel de merde.

Tiens y'a des bonbons sur la table. C'est vrai que j'ai pas mangé, je peux pas, ça me ferais des remous dans l'estomac. Mais bon les bonbons c'est autre chose. Et dans une heure y'en aura plus... Allez glop tiens.

Entre temps j'ai forcément perdu ma place taille demi-fesse et y'a du monde qui est arrivé ! Hey mais t'es mignonne toi ! Je parie que t'es pas arrivée toute seule ? eh ouais tiens y'a Jean Michel juste derrière "Salut Didier" ouais bon ok ok mais Jean Michel ça t'allait mieux, ça te dérange pas si je t'appelle Jean Michel dans ma tête ? Non ? C'est cool merci. "Ca va merci et toi ?" pfff ils se sont donnés le mot fais chier.

UN SIEGE ! PUTAIN UN SIEGE DE LIBRE !!! Il est pour moi, il est pour moi d'ailleurs il a exactement la forme de mon petit cul ! ahahah je t'ai grillé ! Désolé ma belle vraiment désolé. Mais bon tiens regarde c'était cool on a échangé trois phrases plutot sympas non ? ouais allez maintenant on peut s'ignorer.

Ouah y'a plein de monde par rapport à d't'a l'heure et ça papote et ça discute et blablabla et blabablabla. Nom de dieu, ça se trouve ils disent des trucs intéréssants, tendons l'oreille. Ah ça parle de ciné. J'entends... "Harry Potter", "Les Daltons" et... et quoi ? ah ouais "Le Jour d'Après quivientdesortirenDVD" ? ah merde j'ai cru que ça parlait de ciné. Et à gauche ça parle de quoi ? de bouquins ? "Da Vinci Code", "Le Diable s'habille en Prada" et "Bridget Jones" ? eh merde...
hey ? y'a des gens qu'ont pas la télé ici ? qui découvrent des trucs par eux-mêmes ? non ? zetes tous des nazes alors. oh putain j'ai fait une gaffe ils me regardent tous les yeux ronds. mais bon allez arrête de triper, tu l'as pas dit à voix haute c'est pas grave. Musique ? "Muse blablablabla Manu Chao blablablaba Mickey 3D troptoptuvois" Bon... Quelqu'un aurait une bière alors ? ouais y'en reste une c'est cool.

Ouh la je vais faire un tour moi. Hey mais c'est plein de nouvelles têtes et de nouveaux culs dans cette cuisine. Salut tout le monde hihi. Ah tiens y'a miss 4 fesses la bas, et puis Jean Michel et sa copine et puis Drolette et Sombrero. Y'a du nouveau monde aussi. Tiens toi je parierais que tu es un jeune commercial dynamique en costard cravatte. Tu as monté ta propre boite, tu prends ta jeunesse pour de la sagesse, et les phrases creuses qu'on t'a inculqué pour du cynisme. Tendons l'oreille.... Hey ! GAGNE !!! J'ai gagné !!! J'ai gagné une bière tiens !

Oooooooh mais toi tu suis la mode ma coquine ! Je paries que y'a six mois t'avais des chaussures italiennes pointues qui découvraient la naissance de tes orteils grassouillets, cet été des tongues à boucle de métal ronde, et la t'as découvert qu'on pouvait mettre des bottes hautes en cuir sur un pantalon en cuir et que c'était trop in. Ouais. En fait c'est juste moche, comme ça l'était sur les 500 moutonnes que j'ai du croiser dans le métro cette semaine. Allez tu viens on fait un pari sur l'avenir. Je suis sur que ton prochain truc, juste a TOI parce que t'es trop originale tu vois, c'est les moonboots à fourrure. Hey ! J'le sais j'en ai déja vu une dizaine ces derniers temps.

Putain mais qu'est ce que je raconte comme conneries. Je suis bourré c'est ça hein ? BOURRE !!!! Euh non... pas encore... je le sens je suis encore trop féroce. Tiens ça doit faire une demi heure que j'ai pas ouvert la bouche. Je suis un animal social, alors faut que je trouve quelqu'un à renifler avant d'aller discuter... Y'a des filles la ? Non... Enfin si y'a celle que j'ai déja vu. Bon j'vais aller parler de copines avec T. alors on se marre bien avec T.
Je prends des bonbons au passage y'en a presque plus, heureusement qu'il reste de la bière sinon je finirais par avoir faim.

Nom de Dieu, T. est en forme ce soir, il a la métaphore sentimentale cruelle et la description féminine hilarante. C'est qu'il est hilarant ce con quand il s'y met. En plus il pense comme moi, ça fait chaud au coeur de rencontrer un autre taré, on se sent moins seul. Ah merde ça sonne encore des invités, T. va me lacher, allez casse toi enfoiré va.

Bon... Y'a personne à qui parler la... pas drole tout ça. Il va encore falloir boire pour ne pas trop s'ennuyer.

[...]

Ouuuh la.. hihi. ouh la la. Je crois que j'ai légèrement bu. Je le sens à l'épaisseur du nuage cotonneux qui semble entourrer ma tête et mes membres. Mais je suis bien. detendu. souriant. nickel quoi. J'observe. Je plane. C'est l'heure où je remarque ces petites fossettes, ces sourires enchanteurs, la beauté des regards, les rires, et où je n'entends plus rien. Je suis dressé dans l'ambiance de la fête comme un drapeau qui flotte et je me laisse porter. J'ai bu. Je suis bien. Je suis alcoolique. Nom de dieu, faut que je fasse plus attention quand même, pas question d'être malade. Hey c'est qu'ils ont l'air sympas les gens maintenant, enfin pas toi quand même, ni toi, ni toi, ni toi, ni toi faut pas réver non plus, ouh la toi t'es encore plus moche qu'avant, on a du me mentir sur les effets de l'alcool. Mais bon quand même les gens je vous aime. SI vous n'étiez pas la, on devrait vous inventer, enfin au moins juste pour que je puisse picoler. Parce que la hein... ouh la. ouh la la. c'est quand même pas ça hein. moi je vous nique hein je vous nique tous un par un, avec vos petites discussions d'experts-j'l'ai-entendu-à-la-té lé, votre mode à deux balles qui consiste principalement à 'embellir' des photos dont vous aurez honte dans dix ans, et dans vos fausses personnalités formattées. Ouais d'abord ! Parce que moi je suis le seul ici à être unique hein !

Putain je suis reparti dans les conneries... C'est pas de ma faute, c'est parce que je vous déteste autant que je vous aime. Je vous aime parce que ce soir vous faites du bruit qui m'enchante, un peu comme le chant de ces oiseaux en cage qui n'ont pas conscience d'être enfermés.
Je vous déteste parce que reflété dans vos yeux et dans mon verre, je vois mes barreaux, ceux que je me suis imposé, et que je maintiens tous les jours.

La seule question qui me reste à régler, et ce ne sera pas pour ce soir, ça sera de déterminer qui est vraiment du bon coté de la cage.

[FILM] Dr. Caligari (1989)


Putain. C'est pas banal. Ca non c'est pas banal. Putain. Imaginez que le Joker, blindé aux ecstas tombent dingue du Cabinet du Dr. Caligari et décide d'en tourner une suite. Réalisé par le mec derrière le cul(te) Café Flesh, Dr. Caligari est une série B complètement barrée, d'assez mauvais goût, et qui frôle bizarrement le nanar sans jamais réussir à en être un.

Ici les cadres de portes sont bel et bien expressionnistes mais en fluo, l'héroïne de l'histoire devient une nympho traitée par la petite fille du Dr Caligari qui conserve le cerveau de son grand père dans l'espoir de le faire revivre, et le jeu des acteurs est bizarre, comme si les personnages étaient conscients de n'être que des marionnettes incarnées. Ce film c'est une overdose de couleurs, de surjeu, de déclarations ridicules prononcées sur un ton emphatique, et de gueules patibulaires.

Ca pourrait être nul à chier, surtout que la VO sans sous titre est assez incompréhensible, mais bizarrement ça crée la malaise, on a l'impression d'être devant ce genre de cauchemar trop coloré, trop brillant, trop bizarre de réalité dont on se réveille en sueur en se disant "What the fuck ??!!!" Le terme film est d'ailleurs peut-être un peu mal choisi pour ce truc, on a plutot l'impression d'être devant un happening délirant prenant place dans une salle perdue où vous seriez la seule personne dans la salle à jeun de psychotropes, au milieu du public et de la troupe complètement défoncés, ricanant en choeur en vous foutant les jetons.

ALL INCLUSIVE !

Je le savais avant de partir, l'ambiance risquait d'être glauque. Ca n'a pas loupé, à l'arrive on récupère un chouette bracelet orange qui permet de boire a volonté des boissons occidentales, de s'empiffrer gratis de bouffe anglofrancallemande, et de danser gratis sur de la musique de merde purement occidentale et rabachée indéfiniment depuis 30 ans. Ca s'appelle all inclusive, ça devrait plutot prendre le nom de all exclusive : la plupart des personnes présentes auront sans doute passé une semaine purement occidentale sur cette ile défigurée, sans quitter les contours prédélimités du club de vacances et de leur vie, sans même chercher à aller voir ailleurs ce qui se passe. Ici, Biarritz ou la Baule pour eux ça revient exactement au même, au retour ils auront pris le soleil, parlé, mangé et bu français comme si ils n'étaient jamais partis.

C'est le nouveau concept des vacances, surtout ne rien changer, continuer à vivre la même vie, avoir les mêmes habitudes, avoir les mêmes distractions que celles qu'on suit soigneusement tous les samedis depuis qu'on est né. Au rayon entertainment, il ne manque que les courses au supermarché. Le rêve de la mondialisation : ici on consomme comme chez nous mais en plus c'est infini, all inclusive, tout compris dans un tout petit prix, snack food and soft drunks illimités.

Un petit tour dans l'ile révèle l'ampleur du désastre : Corfoue est une ville bouffée par le tourisme dans laquelle on décèle quelques restes de vie autochtone, bouffée par le chancre du duty free et les stock de souvenirs en toc. Le moindre nom de magasin contient forcément les noms MARKET SUPER ou TOURIST, quand ce n'est pas les trois à la fois. Les seules traces de la beauté d'autrefois résident dans les batiments qui se délabrent et qui n'ont pas été rénové, leur décrépitude brillant sans mal face à la fadeur lisse de ce qui été refait. Hakim Bey avait raison : il n'y quasiment aucune différence entre le tourisme de masse et le terrorisme.

En s'enfonçant à l'intérieur des terres, on se perd peu à peu, retrouvant une nature moins défigurée et plus sauvage, polluée seulement en pointillé.
Mais tot ou tard on est rattrapé, il est le temps de rentrer au bercail et de bouffer son snack en attendant d'aller danser sur YMCA.
Un jour. Un seul jour, c'est le moment où j'ai eu l'impression d'être ailleurs, et pas au sein du même creuset que d'habitude en attendant que le métal fondu des petites normes et des distractions de masse me tombent sur la gueule. Un seul jour dont il reste, j'espère, quelques photos, qui pallieront plus ou moins efficacement aux souvenirs qui s'effacent déja.

Comme quoi, même ailleurs, je suis toujours avec moi même, en moi même, trop dépité par le vernis et les paillettes, la fange et l'immobilisme pour avoir envie de vraiment faire des efforts avec les autres.
I'm Jack complete lack of surprise.

Thirst Post

Ouais ouais je sais je l'ai gueulé haut et fort qu'en 2005 créer un blog ça n'avait plus rien d'original... mais bon merde je m'accorde le droit d'écrire pour moi tiens personne n'est obligé de me lire on va même faire comme si c'était pas le cas.

Allez ouste dégage tout ce qui va suivre est dangereux pour toi, trop geignard et trop orgueilleux, ou alors trop imbitable et trop parti loin looooin.

Sur ce, Fucked-Up Stuff for Fuckers, pas un mp3blog, pas un photoblog, pas un blog tout court, juste un exutoire et un moyen simple de garder tout ce que j'écris, pour moi, parce que toi tu n'existes pas.