9/08/2005

2 nuits

Samedi, Daedelus & Coldcut @ Tryptique.

Ca commence pas trop mal, même si j'y suis allé à reculons tellement la première moitié de Coldcut que j'avais vu y'a six mois s'était avéré nulle, ouais juste nulle. Bon la le set de Daedelus est bien, il a une bonne tronche et il fait des trucs bizarres mais agréables à ton oreille. L début de celui de Coldcut est bien aussi jusqu'au moment où les branchouilleux arrivent. Rapidement, la piste ça devient des gens qui vont de l'avant vers l'arrière et vice et versa en regardant du coin de l'oeil si on les remarque, t'obligeant à te coincer contre le mec de gauche qui tente de draguer - bourré - sa troisième meuf de la soirée avant de passer à la quatrième, et la fille de droite qui tient absolument à se faire remarquer sur le dancefloor avec les lunettes de soleil, et forcément elle ne voit plus tes pieds cette salope et elle marche dessus avec ses bottes en fourrure dont même un eskimo ne voudrait pas.

Eu bout d'une heure le set devient merdique, merdique, franchement merdique, pour les gens qui t'entourent c'est pas trop grave de toute façon depuis le début la seule chose qu'ils écoutent c'est leur vanité, et vu le putain de boucan qu'elle fait ça change rien pour eux. Toi t'as bien kiffé le début mais t'as à peine pu danser coincé au milieu de ces gens charmants qu'on doit tolérer puisque c'est vilain et un peu nazi en 2005 d'être fatigué de tout ça. Et puis la ça devient franchement insupportable, déja danser quand t'en as envie c'est un peu chaud si tu espères garder tes pieds en état après la fin de la soirée, alors danser pour danser...

Alors on se met dos à un mur en espérant qu'au moins la musique devienne mieux, que l'espéce de pseudo légende là au fond fasse ce qu'il aime plutot que de se complaire à être accessible, faut pas heurter connard, hein ? Devant toi c'est la galerie qui défile, cette année la mode c'est porno chic, c'est moche comme l'an dernier mais différemment, les gens mettent toujours des lunettes de soleil dans des lieux où il fait quasiment nuit mais en plus cette année ils ont juste récupéré celles que leurs parents avaient cachés dans les 70's quand ils s'étaient aperçu à quel point elles étaient laides.
Tu pourrais presque trouver du réconfort dans cet étalage sordide si au fil des ans il n'était pas devenu lassant, si tu n'avais pas l'impression que c'est toujours la même chose et que seuls les gens qui passent devant ne l'ont pas compris, et continuent à déchirer tous les deux ans les photos des années précédentes sur lesquelles ils ont décidemment l'air trop ridicule.

Bref, tout ça brille autant que ça pue, trop de gloss et de paillettes, trop d'uniformité dans la mocheté, alors t'attends toujours un peu, parfois jusqu'au bout de la nuit, en espérant que ça va se vider un peu, que le charmant connard qui vient de se précipiter dehors habillé comme la dernière star MTV en retenant presque tout son vomi dans ses mains en coupe ne va pas revenir dans ton dos, que tout ça change un peu, ou ça paraisse neuf, que peut-être quelqu'un passe qui ait l'air vivant, et pourvu de plus de dimension que ces filles en plastique aussi brillantes qu'un miroir et pourvue de la même épaisseur, que le DJ redevienne ton ami en mettant sur ses platines de quoi te faire du bien à la tête, et au coeur.

Et puis au bout d'un moment, la fatigue te tombe sur la gueule, là sur le dancefloor ou au bord c'est toujours la même merde, ici devant tes yeux aussi, et tu commences à renoncer. L'ambiance t'épuise, l'air refoule la compétition chargée de téstostérone, de parfums trop riches pour être agréable, et tout ça pue le fric, le milieu de privilégiés décérébrés qui tire les prix vers le haut et le plaisir vers le bas. Enculés de riches ça te vient rapidement sur tes lèvres mais quand même toi aussi tu fais partie de toute cette plèbe.

Alors tu t'en vas, t'en as pour 40 minutes à rentrer à pied, seul, mais le sentiment de solitude t'étouffera surement moins que ce putains de séjour au milieu des paons et des grues.

Et quelque part, l'air frais sur la gueule... ça fait du bien.


Mardi, Marco Passarami @ Concorde Atlantique.

Il fait chaud, trop chaud, et ça fait quelques heures que tu est coincé sous un parasol, écrasé par la foule. Le deuxième set c'est l'horreur, années 80 merdouillantes comme c'est la mode cette année, et autour de toi c'est encore le grand défilé des freaks qui s'ignorent. Marco ne commence que dans deux heures, ça va etre dur de tenir jusque la, trop de monde, trop de rires débiles, trop chaud, trop cher, trop de gens qui cherchent à t'écraser pour préserver leur coin d'herbe, quand ils ne le fument pas en plein dans ta gueule. Et puis tu tiens tu ne sais pas comment, parce que quand même Sullen Lock était bien, que t'adores ce style, et que t'espère qu'ils partiront en masse, hein allez, faites moi plaisir, foutez le camp. Et puis Marco débarque, début de set magique, magnifique, même si c'est encore le même cirque que d'habitude, passages incessants, dragueurs à deux balles, plantes toxiques qui te foutent leurs coudes dans la gueule. salopes.

Heureusement ça se vide peu à peu, ça devient vivable, on peut enfin se lacher, vivre le beat à fond, sauter dans tous les sens porté par les nappes, secoué par les rythmes. Ca ne dure pas très longtemps, tout ça est trop échevelé pour les zombies wannabees qui t'entourent, qui se défilent en masse, Marco prend peur et ressombre dans les années 80. Et ça dure et ça dure, et ça dure, même si Ken et Barbie resteront de toute façon sur le pont à se raconter du vide, ça dure jusqu'à ce que t'en ai marre, que t'acceptes qu'ils ont encore gagné, et que tu t'en ailles. De toute façon, tu bosses demain, t'es sorti un peu c'est déja pas mal, et puis sur six heures de soirée y'a bien eu une heure de bien non ? Qu'est ce que tu voudrais en plus ? Que le dancefloor soit occupé par des gens qui dansent ? Que ces mêmes gens viennent la pour la musique et la laisse vivre en eux ? Voire croiser des personnes qui seraient dans le même cas que toi, autres que celles avec qui tu es venu ?

Rêve pas petit, t'es en 2005, il faut en rire de tout ça, voyons c'est drôle après tout ces gens la ne sont pas méchants, ils te font juste perdre ton temps, ils te gachent juste ces rares bouffées d'oxygène dans la vie, ils teintent juste les seuls endroits où tu pourrais vraiment te lacher et guérir tout le reste du même gout de vomi éternellement vendu comme de l'or qui imprègne ta société, ton travail, leurs loisirs, les relations que tu as avec eux, et au final, ta vie.

Alors sois pas relou gamin, surtout courbe la tête, accepte tout ça, on t'a accordé une heure de plaisir ce soir c'est pas si mal non ? On t'en demande pas beaucoup : travaille, consomme, suis nous, suis les, sombre dans tout ça, tu verras tu seras vachement plus heureux, sourire béat aux lèvres, méat aux lèvres aussi, ne pleure pas, c'est pas comme si t'avais l'impression de te trahir.