7/26/2005

[FILM] La clepsydre / Sanatorium pod clepsydra



Ouah ! Il y a beaucoup de films qu'on compare à des rêves éveillés, mais celui-ci est sans doute celui que j'ai vu qui mérite le plus cette dénomination. Un homme mûr part visiter son père dans un asile en état de quasi abandon, où le temps coule plus vite qu'à l'extérieur du monde. Attiré par les aboiements de chiens, il va à la fenêtre et se voit lui même rentrer dans l'asile comme il l'a fait quelques heures plus tot. A partir de la tout s'enchaine fluidement mais de façon incompréhensible, comme si les détails subissaient des fondus enchainés débouchant sur tout autre chose : Passant sous un lit dans une chambre, le héros se retrouve en pleine jungle puis poursuivis par des noirs en uniforme napoléonien avant de se s'absorber dans une discussion impronptue avec le controlleur du train qui l'a amené ici. C'est vraiment sans queue ni tête, de cette logique bancale et bizarre qui imprègne les rêves : une idée en amène une autre par analogie, faisant changer toute la situation alentour, par le jeu des symbolismes et des résonances de la mémoire. La photographie est magnifique, les mouvements de caméra encore plus, les dialogues sont très écrits, très littéraires, imprégnés de philosophie et de correspondances hermétiques, on pense énormément à la littérature slave/europe de l'est -fantastique ou pas- classique, comme Kafka ou Tolstoï.
Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un chef d'oeuvre parce que cette clepsydre une fois écoulée vous laisse aussi désorienté et déstabilisé qu'un rêve bien barré, mais en tout cas c'est un bon petit plaisir, ne rappelant rien d'autre de connu.