7/19/2005

El dancefloor de la muerte

Généralement ça se passe à peu près toujours de la même façon, je suis en train de danser avec plus ou moins de convictions sur un morceau complètement moisi mais dont la rythmique conserve ce petit truc qui vous donner un minimum envie de vous balancer, sans vraiment être dans le truc, mais parce que bordel coco, faut bien participer.

Et puis la le pseudo-DJ qui n'a qu'un lointain rapport avec ce que sa dénomination devrait désigner change de morceau comme la merde nullissime qu'il est, sans enchainer, parfois d'un coup sec et particulièrement laid et en quelques centièmes de seconde je reconnais instantanément les premières notes de l'Indien, du Policier et des 3 autres tantouzes, ou de Gloria Gaynor ou de n'importe quelle horreur populiste surexposée des années 80.

C'est sans appel, immédiatemment, ça bourdonne dans ma tête, ça grouille dans mon bide, je quitte la piste quasiment en courant l'envie de gerber aux lèvres, et en sachant parfaitement que je n'y remettrais vraisemblablement pas les pieds de la soirée. Heureusement, là c'est ALL INCLUSIVE et le bar est encore ouvert, le temps de choper un Full Moon, et je me barre sur la plage, la médiocrité me fait mal aux oreilles, je préfère m'éloigner dans le noir, en suivant le bord d'une mer presqu'immobile.

Il me faut une bonne minute pour m'éloigner de ces sons puants de banalité et des lumières cheap, avant de pouvoir voir la voie lactée et perdre mes yeux dans son ruban en essayant d'oublier tout ce qui se passe dans mon dos. En face c'est la frontière entre l'Albanie et la Croatie, des deux cotés de la démarcation y'a la même chaine de montagne, désertique et désolée, de jour on ne devine à travers un air bizarrement opaque que des pentes pelées se déversant dans la mer, de nuit ne percent que quelques lumières fragiles, tellement vacillantes qu'on doute de leur existence. Des fois j'ai envie de me barre suffisamment loin pour que les autres la derrière moi, ils deviennent eus aussi petits que des diodes merdiques.

Mais putain qu'est ce que ça m'énerve que la plupart des gens puissent se contenter de ce qu'ils ont déja entendu 5000 fois, de ce qu'ils ont déja vu 500 fois, de ce qu'ils ont déja vécu des dizaines de milliers de fois. All Inclusive bordel, amène avec toi ton mode de vie, ta musique prédigérée qu'on te dégueulle à l'entonnoir dans les oreilles depuis 40 ans, ce qui amène un petit sourire extatique et rassuré sur ton visage, amène tes préjugés, amène tes limites, amène ce qui ne changera jamais chez toi. : ta paresse, l'absence totale de curiosité qui peu à peu t'a envahi, et amené à rejeter en bloc tout ce qui sort à peu près du champ visuel de tes petites oeillères.

En me relaxant un peu j'arrive à entendre le bruit faible des petites vagues nées des cargos passant la bas au loin, ça me berce, ça fait presque disparaitre mes envies de génocide de cons. Il me faut bien 5 minutes pour retrouver les 3 ou 4 constellations que je connais, parce que même ici la pollution lumineuse est présente, 10 minutes pour réussir à ne plus entendre ce qui se passe la bas derrière - en tournant la tête je peux encore voir des petites silhouettes orangées qui s'agitent dans la nuit, dérisoires de si loin -, 15 minutes pour remarquer que l'eau est fluorescente alors qu'il n'y a pas de lune.

Merde, je suis quand même sur une ile à je ne sais combien de kilomètres de chez moi, et tout ce que j'aurais aimé laissé la bas m'a poursuivi. C'est le putain de mariage des petites habitudes étouffantes et des rires dégorgeant leur crétinisme, la foutue noce des discussions polies par leur vide et de cette fausse coolitude ridicule qui semble accompagner chez le branché moderne la pigmentation solaire de son épiderme.

Dans 5 ou 10 minutes quelqu'un va venir me demander si vraiment je n'aime pas danser, et je m'abstiendrais de lui dire que si, et que c'est justement pour ça que je me suis cassé, de lui dire que gigoter vaguement sur un morceau entendu des millions de fois n'a qu'un rapport lointain avec la danse, et que, nom de dieu, espèce d'enculé, je vais t'en passer des morceaux pour danser moi, et que tu partiras en courant, effrayé par ce que tu ne connais pas et par ta propre incompétence à te laisser aller librement, à suivre un rythme tout simplement, un beat, une ligne de basse, un riff, tant de termes qui de toute façon ne te dirait rien du tout.

Putain... Du noir partout, des petites lumières vacillantes autour, le silence, l'esprit vide à force de lassitude, les mêmes situations répétées encore et encore, les mêmes réponses à des questions stupides posées par des gens stupides sûrs de leur fait..... Je me demande ce que je fous ici, là bas ou ailleurs. Heureusement que les étoiles sont la, j'espère que la bas, à des centaines d'années lumière, y'a un autre connard fait d'azote liquide où de je ne sais quelle matière dégueulasse qui se pose les mêmes questions que moi, qui en a marre de toujours entendre les mêmes morceaux de zigulbotron, et de remuer ses tentacules poisseux pour se sentir intégré plus que pour kiffer. Allez enculé, à ta santé !

Et merde.... mon verre est vide.

1 Comments:

Blogger Tybalt said...

Toi même tu sais jeune délinquant ;)

Allez la prochaine fois je testerais tes limites musicales alors :p

2:30 PM  

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