7/15/2005

ALL INCLUSIVE !

Je le savais avant de partir, l'ambiance risquait d'être glauque. Ca n'a pas loupé, à l'arrive on récupère un chouette bracelet orange qui permet de boire a volonté des boissons occidentales, de s'empiffrer gratis de bouffe anglofrancallemande, et de danser gratis sur de la musique de merde purement occidentale et rabachée indéfiniment depuis 30 ans. Ca s'appelle all inclusive, ça devrait plutot prendre le nom de all exclusive : la plupart des personnes présentes auront sans doute passé une semaine purement occidentale sur cette ile défigurée, sans quitter les contours prédélimités du club de vacances et de leur vie, sans même chercher à aller voir ailleurs ce qui se passe. Ici, Biarritz ou la Baule pour eux ça revient exactement au même, au retour ils auront pris le soleil, parlé, mangé et bu français comme si ils n'étaient jamais partis.

C'est le nouveau concept des vacances, surtout ne rien changer, continuer à vivre la même vie, avoir les mêmes habitudes, avoir les mêmes distractions que celles qu'on suit soigneusement tous les samedis depuis qu'on est né. Au rayon entertainment, il ne manque que les courses au supermarché. Le rêve de la mondialisation : ici on consomme comme chez nous mais en plus c'est infini, all inclusive, tout compris dans un tout petit prix, snack food and soft drunks illimités.

Un petit tour dans l'ile révèle l'ampleur du désastre : Corfoue est une ville bouffée par le tourisme dans laquelle on décèle quelques restes de vie autochtone, bouffée par le chancre du duty free et les stock de souvenirs en toc. Le moindre nom de magasin contient forcément les noms MARKET SUPER ou TOURIST, quand ce n'est pas les trois à la fois. Les seules traces de la beauté d'autrefois résident dans les batiments qui se délabrent et qui n'ont pas été rénové, leur décrépitude brillant sans mal face à la fadeur lisse de ce qui été refait. Hakim Bey avait raison : il n'y quasiment aucune différence entre le tourisme de masse et le terrorisme.

En s'enfonçant à l'intérieur des terres, on se perd peu à peu, retrouvant une nature moins défigurée et plus sauvage, polluée seulement en pointillé.
Mais tot ou tard on est rattrapé, il est le temps de rentrer au bercail et de bouffer son snack en attendant d'aller danser sur YMCA.
Un jour. Un seul jour, c'est le moment où j'ai eu l'impression d'être ailleurs, et pas au sein du même creuset que d'habitude en attendant que le métal fondu des petites normes et des distractions de masse me tombent sur la gueule. Un seul jour dont il reste, j'espère, quelques photos, qui pallieront plus ou moins efficacement aux souvenirs qui s'effacent déja.

Comme quoi, même ailleurs, je suis toujours avec moi même, en moi même, trop dépité par le vernis et les paillettes, la fange et l'immobilisme pour avoir envie de vraiment faire des efforts avec les autres.
I'm Jack complete lack of surprise.