12/30/2006

Bilan Breaks 2006

Je m'aperçois aussi qu'en fait j'écoute quasiment plus de hip hop, entre l'uniformisation du son mainstream autour de rythmiques qui me laissent totalement froid (quoique Sizzerb 3 m'ait pas mal plu), d'instrus plates et de flows chiants, et la monomaniaquerie des différentes scènes indés tournant sans cesse autour des mêmes thèmes et influences, difficile de trouver du son intéressant et fresh. Heureusement qu'il reste du son de NY et LA des années 90 à (re)découvrir sinon ça serait la merde.
La scène breakbeat j'en parle même pas c'est complètement mort, reste le grime et le dubstep, genres qui combinent une nouveauté rafraichissante à la difficulté d'écoute déjà évoquée dans le chapitre précédent et renforcée par une médiatisation presque inexistante, condamnant l'éventuel intéressé à récupérer des mixs en boucle en espérant repérer les sorties intéressantes avec des tracklistings peu précis.

Il reste quand même quelques trucs sympas en rap voire enthousiasmants : Big Juss et Orko continue sur leur lancée NMS avec le second album, Imperial Letters of Protection, tout aussi énervé et remonté que le premier, et peut-être encore plus sombre, Debmaster nous offre un premier album, Monster Zoo fun et varié, Radioinactive compose un superbe Soundtrack to a book avec l'excellent Refrigerator, les papys de Public Enemy se remettent enfin en selle avec un New Whirl Odor aussi savoureux que le jeu de mot de son titre, Mickey
Avalon
bouge son cul de hustler du trottoir pour envahir la scène avec sa personnalité ébouriffante de glam rappeur revendiqué.
Du coté indés purs, mêmes mes préférés montrent des signes d'essouflement : Subtitle prend un grand virage bien vu mais pas entièrement négocié vers un son plus grand public et moins étouffant avec son Terrain to roam, Adlib/Thavius Beck se répète plus ou moins sur son Thru qui reste intéressant mais là encore sonne un peu redondant, quand à Dalëk son dernier maxi hésite entre des sons à la Absence qui n'évoluent plus et des tirages de bord peu satisfaisants vers un hip hop plus classique .
Dans ces moments-là les albums sur lesquels on tombe presqu'entièrement par hasard sont les plus fascinants : le mélange electronica classieuse et instrus/flow soleil soleil soleil crée par Fat Jon & Styrofoam sur The Same Channel est sacrément envoutant.
A l'opposé du spectre, le bruitisme lourd et malsain du projet Sensational Meets Kouhei est tout aussi remuant.
Entre hip hop digital et breakbeat classique Ghislain Poirier s'en tire nettement mieux avec son deuxième album Breakupdown qu'avec le premier, pour un hip hop / breakbeat au final super classique mais parfaitement rendu que même Omnikron n'arrivent pas à gacher.
Enfin, Dabrye et son Two/Three relève l'estime qu'on pouvait lui porter après un précent album sous influence pas assez mature, ce nouvel album contenant assez de tracks dodelinantes et simplement kiffantes pour qu'on ne fasse pas la moue.

En griiiime l'actu est toujours aussi difficile à suivre d'ici bas, à part choper les sets sur Barefiles pas beaucoup d'astuce, et le site est maintenant down. Toujours pas de sortie d'album sur des majors cette année, même Wiley galère et est obligé de sortir son très bon 2nd Phaze en quasi auto-production. Sa récente signature sur Big Dada changera peut-être les choses.
L'homme de l'année sinon c'est JME et sa structure Boy Better Know, véritable locomotive du mouvement, sortant des mixtapes et des albums à tour de bras, en réussissant à garder une qualité constante, et surtout enfin à sortir des prods de très bonnes qualités, mixées correctement par rapport à la serpette encore courante dans le genre. JME donc a sorti cette
année deux tapes excellentissimes, Boy Better Know et Poomplex. Sur le même label, le I'm back U know de
Tinchy Stryder est aussi une des meilleurs tape du genre.
Le Ruff Sqwad revient sur le devant de la scène avec Guns & Roses vol. 2, un cran en dessous du premier épisode, mais toujours aussi pleine de verve et d'énergie, avant un éventuel premier album.

En dubstep avec la descente de Planet Mu dans l'arêne, la scène a connu un éclairage médiatique salutaire et se retrouve un minimum sous les projecteurs qui permettent d'y voir un peu plus clair. Saluons aussi l'émergence d'Hyperdub qui semble
promis à un grand avenir. Quelques noms qui ont compté en terme de sorties maxis cette année : Benga, Skream, DJ Distance, Caspa, Darqwan/DK1,Kromestar, Gravious,Pinch ou les Digital Mysticz, responsables de quelques-uns des plus beaux joyaux de ce nouveau mouvement.
Les compiles s'enchainent assez rapidement, ce qui permet de découvrir tous ces gens là dans leurs oeuvres plutot facilement : citons rapidement Dubstep Allstars Vol. 3 & 4 et Tectonic Plates dans la ligne classique du mouvement, le Warriorz Dub de Mary Ann Hobb pour la veine Planet Mu, et Grim FM pour une optique un peu plus torturée et expérimentale.
Peu d'albums sont encore sortis, mais on peut rapidement détacher du lot l'excellent et poétique Burial, et le (un
peu) plus classique The World Is Gone de Various Production porté par sa voix cristalline.

Outsider pour terminer : je n'attendais plus rien de Jarring Effects, mais le Duck & Cover de Reverse Engineering s'avère tout de même assez frais et varié pour être cité ici, relevant son dub 'français' (baille) d'assez d'électronique d'habitude étrangère à ces terres pour être un miminmum original.

TOP 5 BREAKS
Radioinactive - Soundtrack to a book
Fat Jon & Styrofoam - The Same Channel
Burial - Burial
JME - Boy Better Know
Wiley - Da 2nd phaze

Bilan Digital 2006

L'inconvénient avec l'electro et la techno ça reste la nature des sorties, principalement maxis, le mp3 devrait avoir arrangé les choses, mais se tenir au courant reste toujours assez difficile... Combiné au fait que j'ai principalement du écouter des mixs cette année, difficile de trouver beaucoup de sorties albums qui m'ont marqué, ou de se souvenir des mp3s achetés sur Beatport et d'être sur qu'ils sont vraiment sortis cette année. Bref, on va faire large, et si quelques sorties 2005 sont contenues là dedans, tant pis.

D'abord un hourraaaahh pour Gui Boratto, un des artistes qui m'a le plus plus dans le genre (Chains pour n'en citer qu'un), et dont l'album devrait débarquer chez Kompakt en début d'année prochaine. Et d'autres acclamations pour Fairmont, qui réinjecte des doses microscopiques de nappes transes dans ses morceaux pour des résultats toujours
jouissifs En sortie maxis me viennent ensuite à l'esprit le très chouette boxer032 Rendez vous over Mars de Maximilian Skiba et l'excellentissime Hustler de Simian Disco Mobile. Sans oublier Minilogue avec son Leopard EP, et Paul Nazca avec le Scandale EP (Boxer041).

Dans le domaine porté par le vent pleine poupe du minimal, Alex Smoke et Lawrence m'ont bien fait rêvasser avec leurs Paradolia et The Night Will Last Forever, deux albums aux productions parfaites de retenue. J'ai failli oublier tout de même le superbe 2006 de Crowdpleaser & St Plomb, belle démonstration de musique travaillée ET dansante jusqu'à plus-envie. L'album de Booka Shade, Movements était porté par de très beaux morceaux, en
nombre malheureusement un peu trop réduit. Et bien sur, écoute tardive mais jouissive, Songs for the gentle de MyMy s'avère être un superbe disque de micro-house, presque enfantin dans sa naïveté, baignant dans une simplicité candide et rafraichissante.

Franche surprise pour moi que l'electro chantée ou pas, ultra classique et accessible mais aussi parfaitement jouissive, le Orchestra of bubbles d'Ellen Alien & Apparat, deux artistes que je n'aime pourtant pas beaucoup dans leurs oeuvres solos.
En matière de jouissif, le gras, le lourd, le putassier ça marche toujours bien quand c'est fait avec amour et talent : la house brulante du Popsoda de Technasia est intestable, et la techno presque pouet pouet entre Detroit et l'EBM de Oil10 sur son Beyond regorgeant de nappes grillées donnant envie de sauter partout.
En electro-tech bien rapeuse à coup de distorsion et de saturation, 3 artistes m'ont fait décoller : Aardvarck avec son Cult Copy agressif, Motor avec un Klunk basique et pompier à souhait, presqu'au sens Village People, mais regorgeant de bombes, et Cursor Miner avec un Danceflaw moins standard que les deux précédents, mais tout aussi accessible et baouuum-wham-wham.
En electro influencée, le Aux88 éponyme m'a transporté en copiant strictement les classiques de Detroit, Umwelt avec son Galvanic vestibular stimulation EBMisant par instant m'a fait partir en orbite, et la Retrospective de Nitzer Ebb m'a fait redescendre bouger mon cul sur le dancefloor comme si j'étais sur une autre planête.
Arpanet quant à lui continue dans une veine intemporelle et inchangée sur son Initial Frame tournant toujours autour des mêmes obsessions technologiques, toujours aussi pures.
Plus atypique, le Silent Shout de The Knife s'en sort assez bien grâce à des nappes parfaites et une belle voix féminine, malgré des vocaux masculins et une production générale qui tendent parfois vers le ridicule.

En electronica au sens très large (comprendre les trucs inclassables ailleurs), le Chosen Lords de Aphex Twin ou d'AFX était assez chouette, surtout pour les gens comme moi n'ayant pas eu trop envie de suivre l'aventure Analords, le Wow Twist de Dat Politics est aussi bouillonnant que crispant par moment, et le Body Riddle de Clark est beau et planant à tomber bien caché derrière sa pochette d'une laideur engourdissante.

TOP 5 DIGITAL
Technasia - Popsoda
MyMy - Songs for the gentle
Motor - Klunk
Umwelt - Galvanic vestibular stimulation
Clark - Body Riddle

Bilan Larsen 2006

Apparemment les musiques à guitare plus ou moins tranchante composent le gros des sorties que j'ai écouté cette année, même si 2006 ne m'a pas du tout laissé cette impression ! Bizaaaaarre.

Commmencons en douceur par les chevelus les moins excités :
VAST semble enfin s'être sorti de son délire de sorties de démos retouchées 500 fois, tant mieux parce qu'à vrai dire on était lassé : April est un bel album acoustique et apaisé, pas très loin de Jeff Buckley finalement.
Avec I was born at night, Meneguar commençait l'année en beauté par cet album rempli ras-la-gueule de pop rageuse et courte, à la production délicate, contenant une excitation toute punk. Jouissif
Les frenchies qui croient encore au rock'n roll se sont réveillés, guitares en avant, et on gigote sur les belles surprises créees par deux nouveaux groupes : Cafe Flesh avec Pig on the dancefloor et Warehouse 99 Project et son Social Leper's Club
Les vieux schnocks sont toujours là et dans des genres complètements différents on peut toujours compter sur eux pour sortir des petites perles : Electrelane - Axes, Oxes - Oxxxes, Cursive - Happy Hollow, Nomeansno - Ausfahrt, et The Bellrays - Have a little faith sont des albums typiques de leur auteurs, qui restent passionnants dans leur style.
Avec Menos el oso, Minus the bear (qu'on m'avait présenté comme du Incubus light ahahah) présentent un petit bijou de pop ensoleillée, sonnant très légèrement latine, et au velours griffé de temps de temps par des guitares délicates.
Dub Trio groupe portant désormais mal son nom, présentait un chouette et pattonesque New Heavy, mélange difficile à identifier de choses qui pourraient sonner très moches prises séparémment mais qui mises ensemble produisent un résultat étrangement enthousiasmant.
Avec So this is goodbye les Junior Boys évoquent quant à eux un peu la tristesse de Dave, perdu dans une chambre d'hotel à Cologne, avec Kompakt radio en arrière plan, après que Martin ait refusé une enième fois un de ses morceaux pour le prochain album. Entre minimalisme expressif et mélancolie plus qu'exprimée, belle surprise émouvante.
Finissons sur TV On The Radio, avec leur Return to cookie mountain dont les fondations s'enfoncent profondément dans le kraut, la soul et le shoegazing, mélancolique et catchy en même temps.

La scène emo, punk et post-hardcore avec crane rasé ou mèche elsève s'est bien portée elle aussi, avec des sorties éparpillées mais jouissives : le dernier Jr. Ewing avant implosion du groupe, Maelstrom est une petite bombinette rock'n roll, le deuxième Tang, Another Thousand Days reste toujours autant immédiat avec son émo au bord du cliché, et avec Mercy, Planes Mistaken For Stars a encore une superbe réussite à son actif, plus noisy qu'à leur habitude, mais toujours aussi intense.
The new science de For the mathematics est dans la veine Washington DC historique, collant au cul de Fugazi, un son entendu mille fois mais toujours aussi bon. L'excellent Submergés par le sublime (so imoooo) des français Loisirs n'est pas en reste.
Enfin le deuxième Made Out Of Babies, Coward représente une belle évolution par rapport au premier, avec des compositions un peu plus travaillées qui réussissent à garder la furie et la folie à la Garside de Trophy.

Le post-rock 'classique' a définitivement fini par me lasser, par contre les groupes s'appuyant dessus pour proposer des musiques aussi originales que longues m'ont sacrément enthousiasmé. En vrac, le deuxième 65daysofstatic, One Time For All Time, ses excès electriques et ses bouts de break pas trop core, l'album éponyme d'Omar Rodriguez,
meilleur que le troisième album des Mars Volta, voire même que le précédent, l'espèce d'ambient folk étrange et inquiétante de A Whisper In The Noize sur leur as the bluebird sing cousin assez proche de Current93, les délires digitaux goblinesques dignes d'un Carpenter horrifié du Surface to air de Zombi, les lachages énervés prolongés très metal de
Taint et des Capricorns sur leurs albums The ruin of Nova Roma et Ruder form survives.
Et, enfin, Julie XMas et ses non-potes réunis au sein de Battle Of Mice, dont le premier album, Day Of Night est un trip prenant et presque bouleversant, revisitant le genre de façon très moderne.

Passons aux chevelus maintenant, les vrais, les durs, les tatoués, bref au métal, genre que je connais finalement assez mal, mais dans lequel j'ai beaucoup apprécié certaines sorties : le Pink des japonais Boris, stoner heavy presque seventies toujours enlevé et catchy, le thrash débridé et irrésistible de Municipal Waste sur Hazardous Mutation, complètement à rebours des modes et qui file une pèche d'enfer. Le nouvel album de Kylesa, Time will fuse its worth m'a un peu moins plus que le précédent (avec lequel j'avais découvert le groupe), mais quand même quel pied ! Le EP de Vader, The Art Of War, sorti en début d'année était lui aussi ultra énergisant, sa courte durée et ses quelques morceaux tous parfaits l'élévant même plus haut que l'album suivant sorti en fin d'année.
Avec Saturday night wrist, Deftones m'a surpris en retournant à un son plus White Pony relevé d'une toute petite touche de Team Sleep, je n'en attendais plus rien j'ai été conquis.
J'avais toujours zappé Mastodon avant ce Blood Mountain mais ses très bons échos m'ont enfin décidé à y jeter une oreille. Du heavy ultra varié relevé de breaks thrash ou speed échevelés (on s'en branle ? on s'en branle.), rien de mieux pour sauter partout, merde c'est super bon !
Enfin Ministry sort un Rio Grande Blood plus métalleux que d'habitude pour ce groupe, et globalement un peu facile et concon, dévoilant peut-être un groupe en fin de parcours, mais là encore, ça fait plus que du bien et ça décrasse.

Top 5 LARSEN 2006:
Meneguar - I was born at night
TV On The Radio - Return to cookie mountain
Junior Boys - So this is goodbye
65daysofstatic - One Time For All Time
Municipal Waste - Hazardous Mutation