9/25/2006

Mickey Avalon

"We are going to have open sexual intercourse on every street corner in America"

C'est comme ça que commence l'album de Mickey Avalon, jeune branleur dans sa vingtaine. Hip hop de hustler, glam rap du mec qui a vraiment connu le coin de la rue à vendre son cul, et qui n'a pas pour autant perdu sa verve ni son sens de l'humour, sur cet album éponyme, on est là pour bouger sur des instrus cuites par le soleil aux lyrics bien crus, arrosées de pas mal d'humour noir, de cynisme à paillettes et de crétinerie volontaire.

"At least she don't mind when i call her Lassie"

Ca bounce, ça tapote sec, pas de revendications, pas d'intellectualisation, juste bouge laisse pas le désespoir se poser au fond de toi, secoue le, ça va faire des particules brillantes en suspension qui vont amuser tout le monde et briller dans les yeux des blondes. Beats + juste quelques petites guitares ou machins samplés pour faire la mélodie, "i know you wanna do the Jane Fonda", laisse toi entraîner dans le milieu des princesses reines de l'inceste.

Flow de branleur cousin du dude en plus jeune et plus sexy, charisme maquillé au croisement de Bowie et d'Alice Cooper, paroles accouplant Necro avec Paris Hilton, pourquoi pas, tout ça c'est du jeu, il suffit de rentrer dans la partie et dans l'univers d'un coin de rue où plus rien n'a de réelle importance, à part la prochaine course et le prochain fix.

On se lève "Waiting to die" avec quand même un peu d'espoir, "So rich, so pretty" et "Jane Fonda" sont sifflotées pour accompagner les rêves d'avenir pas encore dissipés, et puis une fois le sommeil vraiment disparu, l'acidité de la réalité te rattrape un peu Mickey, "Roll the dice", chaque âme à son prix, "Hustler Hall Of Fame", "Roll up your sleeves" ou "Friends & Lovers" parce que quand même tout ça est supra glauque quand on y pense. Allez on va conjurer l'amnésie, concentrons nous sur autre chose, alcool et cul, sexe et drogues, "Romeo & Juliet" "Dipped In Vaseline" pour mieux oublier la lumière du jour dans des lieux sombres.
La vie n'est pas rose, autant la mettre en musique.

Le son de Mickey :
http://www.mickeyavalon.com/(qualité moyenne mais avec le meilleur morceau "Waiting to die")
Myspace (qualité myspace, sans "Waiting to die")

La vie de Mickey :
Death, drugs, rap and redemption

A Scanner Darkly

La Substance M a déjà peu à peu modifié ma perception au moment où les premières images apparaissent à l'écran.
D’ailleurs est ce que je regarde l'écran ou est ce que c'est lui qui me regarde ?
Les autres spectateurs sont ils complices ? Au courant ? M'ont ils tendu un piège ??
Le cinéma est il un reflet du monde ou le monde un reflet du cinéma ?
Et si moi aussi je portais une seconde identité cryptée sans être au courant ?
Calme toi, calme toi, personne n'est là, tout cela n'est qu'un reflet de ton imagination, la salle est vide, tous les autres spectateurs sont partis et on va pouvoir regarder ce film tranquillement. Ces fleurs bleues à tes pieds ? Juste un artefact du circuit vidéo qui déconne.

A Scanner Darkly, adaptation de Philip K Dick, s'attaque à la difficile tâche d'une adaptation poussée de Substance Mort, en essayant de conserver intacte toute la paranoïa de l'auteur, ses personnages au bord de la folie, mais aussi la composition chimique assez spéciale de son flot sanguin. Contrairement à toutes les adaptations précédentes, qui ne se servaient généralement que des décors de l'auteur et des grandes lignes de ses intrigues pour en tirer des films à grand spectacles somme toute à peu prêt dans la norme de ce que peut accepter le spectateur moyen. - ce qui avait donné quelques réussites indéniables (Blade Runner,Total Recall, Minority Report) et d'autres plus discutables (Impostor,Paycheck,Planète Hurlante,etc...) putain je suis désolé pour la longueur de cette phrase mon esprit est encore parti en logorrhée incontrôlable, trop de pilules, trop d’insectes sur mon corps.

Contrairement donc à toute ces précédentes adaptations, Richard Linkater colle au plus prêt du livre original, à travers le script, assez cryptique et ultra bavard (ce qui est aussi une marque du réalisateur) mais surtout grâce à la belle idée que constitue l'utilisation de la rotoscopie. Technique utilisée pour la première fois par l'ami Richard dans un précédent film, la rêverie poético-philosophico-politique Waking Life (où il faut bien le dire elle faisait un peu mal au crâne n'étant pas ultra au point, trop baveuse et mouvante), celle-ci trouve ici une nouvelle jeunesse, et donne une certaine force à l'atmosphère de ce film.
Filmées normalement, puis repeintes infographiquement, les images adoptent alors une espèce de transparence plastique, légèrement mouvante, magnétique. Impression perturbante lorsqu'on voit la réalité du mouvement des acteurs à travers une couche supplémentaire d'abstraction.

Drogues créant de nouveaux états mentaux, psychotiques à divers stades d'écroulement psychologiques, contre-culture latente, paradoxes paranoïaques illogiques mais bien vivants (culminant dans une scène de cambriolage - ou pas - hilarante), surveillance constante mais l'observateur n'est il pas non plus surveillé ? Tout l'univers de Philip K Dick, de ses névroses, de ses bouffées d'imaginations psychotropes et sans contrôle est pour la première fois enfin projeté sur un écran, à moins que ce soit directement dans mon cerveau, suis je un spectateur, ou alors le projecteur ou bien la seule somme des images cinématographiques qui ont constitué ma vie de cinéphile ?
A qui pense une bobine de film ? Que voit un projecteur ? Le projectionniste est il avec Eux ?

To Philip, deceased.

9/19/2006

Crowdpleaser & St Plomb - 2006

Crowdpleaser... Le nom ne me dit rien mais en tout cas c'est ce qu'on appelle un pseudo qui claque, simple, net, efficace. St Plomb il parait que je l'ai vu en live y'a quelques années, mais ça ne me dit rien non plus.

Ils sont suisses, et leur premier album sort sur Mental Groove.




Ce "2006", ca commence et ça finit par des plages ambient comme sorties de Blade Runner, pluie en option, saxo supprimé. Entre EARLY et LAST, 9 plages d'electro house dépouillée, aux textures nettes et recherchées, qui colle une sérieuse envie de bouger. On pourrait parler d'optique minimale, mais parallèle (microhouse ? moui on pense parfois à Akufen). Ici les sons restent riches et organiques, mais espacés, et souvent bien cutés. Ils revendiquent une optique concrète, en tout cas c'est pas ultra évident au final, même si effectivement on sent quelque chose de ce genre dans les sonorités.

Non ce qui frappe, c'est juste que ça claque, sur la plage comme sur l'asphalte, dans ton casque (imparable) comme sur le dancefloor (sûrement, faut tester). Beat soutenu mais pas frénétique, juste assez pour faire rebondir tes pieds quand tu croyais que tu allais pouvoir les laisser se reposer, snares, kicks et hihats archigrillés, de ceux que tu regretteraient si ils n'étaient pas là, basse envoutante de retenue, etc... on va pas y passer la nuit non plus on a mieux que ça à faire : danser.
Crowpleaser et St Plomb réinventent une enième fois l'eau chaude, comme un bon nombre de leur congénères, mais quelque part c'est exactement ce qu'on veut, ne pas être trop perdu, attacher tout d'abord les circonvolutions de son cerveau à ces rythmiques familières, à ces lignes de basse révées avant de se laisser partir vers ces évasions plus originales, comme ce morceau vocal réjouissant de bancalité, "Cash on time", ou ces structures cristallines qui parsèment l'album ("1er Mai", "New Times Roman","18 Years"), encore enrichies par leurs petits défauts volontaires : léger décalage, lambinage poussé perturbé seulement ça et là par de légères variations, régressions ludiques ("Zukunft").

T'es habitué à ce son, tu le sais, tu l'a entendu 1000 fois et tu en redemandes quand même, 10 000 fois si possible, jusque sur ton lit de mort en 2106, quand tu emmerderas tes arrières petits enfants - exaspérés par ce pépé ridicule - pour qu'ils te le passe une dernière fois, ce son du passé qu'ils trouvent démodé. En attendant les premiers cheveux blancs, ce 2006 s'avère en fait purement immédiat, facile d'accès, cachant derrière un dépouillement digne d'un bikini les très belles formes envoutantes et personnelles de l'hédonisme de notre époque.

Extraits sur Mental Groove
+ 4 morceaux sur leur myspace

9/07/2006

Zombi - Surface to air (2006)

De la biographie de Zombi on ne connaît que ce que ses deux membres ont bien voulu nous avouer. Enlevés au début des années 80 par un sanguinaire gang de serial killers à longues canines, ils furent enchaînés pendant ce qui leur sembla une éternité, lentement reprogrammés à coup de projection de film d'horreur et de musiques malsaines, nourris de morceaux de viande à peine identifiables.

Et puis un jour ce fut la délivrance, la nuit se couche sur des accords de Tangerine Dream, les vampires partent chasser, les chaînes sont arrachées des murs, et une longue fuite commence. Dehors le monde ne ressemble plus à ce qu'ils avaient connu, l'horreur du rock progressif a déjà envahi les grandes villes, faisant peu à peu muter les gens en morts-vivants blasés. Les rares survivants se terrent dans des centres commerciaux ou dans des bases en Antarctique. Il ne leur reste plus qu'à lutter contre cette atrocité, synthétiseurs d'époque pour l'un, basse pour l'autre, pas de chanteur, Snake Plissken n'était plus disponible, bouffé par une créature bizarre venue de l'espace et sortie de son frigo.

Ensemble ils vont sauver le monde, il leur suffit de s'inspirer de leurs grands maîtres qui ont musicalisé des milliers d'images de torrents de sang et de mains gantées tenant des trucs coupants, de se souvenir des basses des BO composées par John Carpenter, des délires synthétiques proto électroniques des Goblins, des nappes aériennes et simplistes de Vangelis. Et ça s'élève et ça monte, au milieu de l'inquiétude, entre les grattes-ciels. Des choses rodent en arrière plan en poussant des grognements, le rideau du fond de scène semble bouger, les ombres se rapprochent. Dans les salles de cinéma, les démons commencent à se poser en hélicoptère, alors les morceaux s'allongent, s'étirent, gagnent en intensité, se calment sur des breaks faussement reposés, avant de repartir. L'aube est encore loin, il va falloir tenir jusque là.

Morceaux en écoute :
MySpace Zombi
Site officiel du groupe