8/15/2005

[FILM] Sympathy for Mr. Vengeance (2002)



Oldboy était marquant dans son jusqu'au boutisme des sentiments humains. Oldboy était intense, bouleversant. Et puis après on regarde Sympathy For Mr. Vengeance, histoire de voir si cette histoire de trilogie sur la vengeance tient le coup.

Et là, c'est le choc. Sympathy (...) renvoit son successeur à l'état de simple divertissement stylisé, en plonge dans les tréfonds de l'enfer non seulement des sentiments humains, mais également de la société "moderne".

Ici, on est encore plus secoué, car le film est réaliste, tout simplement. Les actes des personnages principaux sont atroces, mais découlent tous d'une fatalité crée par la déformation de l'Humain que nous impose l'économie en tant que centre constitutif de la société. Sympathy... est donc une usine à déconstruire les mythes : le mythe du libéralisme, dissimulant derrière le mensonge de la "libre" entreprise la bonne vieille loi du plus fort sur le plus faible, le montant du compte ayant remplacé les muscles; le mythe de la vengeance en tant que moteur de la société, la vengeance personnelle mais aussi la vengeance institutionnalisée qu'est la justice, qui se contente de dissimuler les effets sans s'attaquer aux cause; le mythe de l'évolution personnelle accolée à l'enrichissement, qui tolère parfaitement tout ce qui devient inhumain (mourir pour ne pas pouvoir se payer la transplantation d'un rein) sous prétexte que cela ne vous touche pas; et enfin le mythe de la société en entier, chacun des actes individuels pris par le personnage de ce film s'avérant une vengeance dissimulée sous une forme où une autre.

Sympathy for Mr. Vengeance est un coup de poing salutaire dévoilant les cicatrices béantes et mal recousues des horreurs que nous feignons de ne pas voir, quand on ne les présente pas comme des réussites, cicatrices toujours prêtes à se réouvrir dans une explosion de sang et de souffrances.